Vous l’avez peut-être oublié, mais WRC 10 va avoir une saveur particulière. D’une part, c’est un opus qui marque les 50 ans du championnat du monde des rallyes (une célébration un peu anticipée, le WRC étant né en 1973, il s’agissait du championnat international des marques de 70 à 72), mais c’est surtout l’avant dernier jeu développé par le studio français Kylotonn, les anglais de Codemasters ayant récupéré la licence avec un premier titre prévu en 2023. Pire, avec l’épidémie de COVID, le championnat a été largement modifié, ce qui veut dire que le contenu du jeu ne reflète plus vraiment la réalité. Bref, on vous explique pourquoi la fin de saison semble compliquée pour la licence.
On ne va pas jeter la pierre aux développeurs, mais il faut avouer que le COVID aura eu un sacré impact sur le bon déroulement du WRC en 2021. Mais quand on crée un jeu, il faut bien commencer quelque part. En l’occurrence, le studio français a pris comme base le calendrier tel qu’il était prévu en fin d’année 2020. Dans WRC 10, on va donc avoir droit aux rallyes de Suède, du Chili et de la Grande-Bretagne, alors que ces derniers ont été remplacés par la Finlande (l’Arctic Rally hivernal, pas les 1000 Lacs), le rallye de Belgique (Ypres), et le rallye de l’Acropole (première épreuve en Grèce depuis 2013 !). Pour autant, KT Racing a promis que les deux dernières destinations débarqueront dans le jeu, reste à savoir s’il faudra repasser par la caisse ou pas. Pour l’instant, le jeu offre en tout cas 12 destinations avec quelques nouveautés dont la Croatie et son asphalte défoncé, et les routes en gravier d’Estonie. Chaque rallye offre moins d’une dizaine de spéciales, avec les SS courtes (6km en moyenne) et les fameuses ES (15 bornes et plus) qui offrent un challenge bien plus réaliste, et demandent une concentration à toute épreuve. Bien sûr, lorsqu’on sélectionne le réglage réaliste pour la longueur des rallyes, on se retrouvera à faire la même spéciale à trois ou quatre reprises, dans un sens et dans l’autre, de jour et de nuit. Pour éviter la répétitivité, on vous suggère donc de ne pas aller au-delà du réglage long pour la durée des épreuves. Reste à voir combien de temps il faudra attendre pour récupérer les 2 dernières destinations, ce qui devrait rajouter une petite quinzaine de spéciales au total. On en profite pour préciser qu’il est déjà possible d’acheter certaines ES en DLC, la mythique Arena Panzerplatte du rallye d’Allemagne (avec les terribles Hinkelsteins sur le bord de la route) étant proposée pour 5€.
Retour vers le Futur
Autre grande nouveauté : KT Racing fête les 50 ans du WRC avec un mode dédiée qui va nous permettre de revivre certains grands moments de l’histoire du championnat, tout en prenant le volant de véhicules de légende. Forcément, on s’attendait à quelque-chose de fou, avec toutes les voitures qui ont écrit l’histoire du rallye. Malheureusement, il semble que nos rêves soient un peu trop ambitieux. En réalité, le mode se contente de nous demander de battre un temps référence sur une spéciale avec une voiture spécifique, le coté historique étant amené par un petit texte. Niveau véhicules, ce n’est pas la panacée même si on note une amélioration par rapport aux opus précédents, avec Alpine A110, 205 T16, Lancia Fulvia, Lancia Stratos et quelques anciennes WRC ( attention : la Subaru Impreza de Calin McRae est en DLC gratuit, tandis que la Mitsubishi Lancer Evolution V de Tommi Mäkinen est vendue 5€ pièce), mais pas de R5 Turbo et aucune Kit-car par exemple. Quatre destinations sont disponibles dont le San Remo dans plusieurs variantes afin de coller aux différentes époques. Seulement, on se rend rapidement compte que le tracé est identique, et que seules quelques menues différences sont présentes, principalement l’emplacement des spectateurs, bien au bord de la route comme c’était souvent le cas dans les années 70-80. Ce sera d’ailleurs souvent la difficulté principale, puisque si on frôle le public de trop près, on a droit à de généreuses pénalités de temps. Pire, la liste des événements historique est plus que discutable. Si on veut bien accepter la victoire d’Ott Tanak au championnat du monde, brisant au passage 15 ans de domination d’un Sébastien français (Loeb, puis Ogier), d’autres choix sont plus douteux. On pense entre autres à la spéciale du rallye de Suède, où Chris Patterson (copilote) a dû prendre le volant de la Subaru de Petter Solberg, après que ce dernier se soit fait retirer son permis de conduire lors d’une liaison. Une jolie anecdote, sûrement, un moment historique, pas vraiment. On aurait préféré par exemple trouver le tour de Corse 2005, lorsque Loeb a réussi l’exploit de gagner toutes les spéciales du rallye, ou revivre le Rallye de l’Acropole 1982 lorsque Michèle Mouton s’imposa devant Walter Röhrl et Henri Toivonen (excusez du peu).
Un jeu qui nous pousse à boue ?
Le problème, c’est qu’il va falloir terminer complètement ce mode de jeu pas forcément passionnant afin de débloquer l’un des deux modes carrière disponibles. En effet, d’emblée, on pourra jouer en tant que pilote pour les grandes écuries existantes, mais la grosse nouveauté, c’est bien ce second mode de jeu, où l’on devient alors manager de sa propre écurie, ce qui nous demande de gérer bien plus finement nos troupes, et d’aller acheter nos voitures auprès des constructeurs, ou sur le marché de l’occasion en fonction de nos moyens. Le mode pilote classique reste fidèle à ce qu’on connaît, avec ses travers habituels, comme celui de nous mettre systématiquement à la place du meilleur pilote lorsqu’on intègre une écurie. Après avoir déroché un baquet chez Toyota on espérait avoir récupéré la voiture d’un second couteau comme Kalle Rovanperra ou Takamoto Katsuta, surtout avec un top 5 comme objectif de saison. Mais non, on a pris notre premier départ dans la voiture portant le N°1, ce qui nous prive de facto de Sebastien Ogier parmi les adversaires. Dommage. Pour autant, le reste de l’aventure est plutôt agréable, avec un aspect gestion légèrement renforcé par de nouvelles compétences dans l’arbre de R&D. On s’y croirait presque, si quelques bugs récurrents ne venaient pas gâcher un peu l’ambiance, à l’image de ces mails envoyés par notre employeur afin de nous menacer d’une rupture de contrat à cause de mauvais résultats, et ce, même lorsqu’on a enchaîné les victoires. Le titre nous permet toutefois de suivre le vrai cheminement d’un pilote, des premières années en JWRC au volant d’une Fiesta deux roues motrices, en passant par le WRC 3 et le WRC 2 au volant de voitures de catégorie R5 (1.6l turbo, 300cv, transmission intégrale), avant de signer pour un baquet dans l’élite mondiale.
Un pneu de tactique
Une fois en jeu, on retrouve la maniabilité des précédents opus. Comme toujours, KT Racing a opté pour une approche grand public, assez éloignée de la simulation pure et dure d’un Dirt Rallye par exemple. La meilleure preuve, c’est que si le jeu de Codemasters n’a aucun intérêt sans un bon volant, WRC 10 n’offre aucune plus-value avec de type d’équipement. Malgré les nombreuses pubs pour Fanatec qui parsèment le titre, ce dernier est clairement optimisé pour le jeu à la manette. Le choix est logique, la plupart des joueurs seront probablement sur console, et n’auront pas un volant de compétition sous la main. Dommage pour ceux qui espéraient trouver une pure simulation dotée des licences officielles. Ceci dit, le jeu offre des sensations de pilotage tout à fait satisfaisantes, surtout au niveau de la gestion des pneus. Désormais, avant chaque rallye on devra choisir les pneus selon l’allocation, entre différents composés. Cela ajoute une énorme couche de stratégie à certains rallyes, dont le Monte Carlo en particulier. La boucle ardéchoise permet en effet de choisir entre des slicks durs ou souples, les pneus pluie, ou des pneus neige, sachant qu’on peut également tenter des montes créatives avec différents types de gommes sur chaque roue. Attention, une fois parti du parc fermé, il faudra se contenter des 4 roues montées sur le véhicule, plus deux roues dans le coffre. Sachez qu’on peut se passer des roues de secours, mais que cela ne change rien aux performances de la voiture qui devrait pourtant être allégée. Ceci dit, le comportement des voitures est plutôt bien retranscrit, et on sent bien les différences entre WRC, R5, ou les anciennes groupe B par exemple.
Art of Rally
Par contre, sur le plan technique, difficile de voir une évolution entre WRC 9 et WRC 10. Le jeu n’est clairement pas next-gen, et vu qu’il ne reste qu’un seul opus à KT racing avant de donner les clefs du WRC à Codemasters, on se doute qu’il n’était pas opportun de réaliser de gros investissements pour améliorer les graphismes. On se consolera avec les sons, très réussis sur les voitures modernes, mais nettement plus aléatoires sur les anciennes gloires. Enfin, notons que si vous souhaitez avoir un copilote féminin, il faudra se contenter de notes dans la langue de Shakespeare, les versions traduites étant limitées à des voix masculines. Hormis cette petite déconvenue, notre coéquipier est plutôt efficace, même s’il a tendance à balancer des exclamations un peu n’importe comment. Parmi les phrase les plus WTF, on a retenu « les pneus sont enfin chauds » lors du rallye de Suède (dans la neige), ou encore « c’était optimiste » en pleine ligne droite. Sachez d’ailleurs qu’en cas de sortie de route, le jeu nous replacera automatiquement sur la route (avec une grosse pénalité en prime) dès qu’on sera à plus de quelques mètres du tracé régulier. Enfin, il faut aussi mentionner l’arrivée d’un éditeur de livrée plutôt complet qui fera probablement la joie des joueurs qui ont une âme d’artiste. Les autres pourront tout de même télécharger les livrées partagées, afin de pimper leurs bolides dans le mode directeur d’écurie.